Les journalistes s’interrogent encore sur les accords liés à l’IA

Introduction

Le monde de la presse et des médias évolue à une vitesse vertigineuse, notamment avec l’avènement des technologies d’intelligence artificielle (IA). Récemment, plusieurs grandes publications ont signé des accords de licence de contenu avec des entreprises d’IA, suscitant de vives réactions et de nombreuses questions parmi les journalistes. Ces accords permettent aux entreprises d’IA d’accéder aux contenus actuels et aux archives des publications pour entraîner leurs modèles, comme ChatGPT. Mais que signifie cette nouvelle tendance pour les journalistes et pour le journalisme en général ? Quels sont les enjeux et les implications de ces accords ? Faisons le point.

Les journalistes demandent des réponses

La présidente de Vox MedIA, Pam Wasserstein, a récemment informé ses collaborateurs via Slack et par e-mail que Vox avait signé un accord de licence de contenu avec une société d’IA. Cet accord permet à l’entreprise d’accéder aux contenus actuels et aux archives de Vox pour entraîner ses modèles d’IA. De leur côté, les journalistes de The Atlantic ont été informés de manière similaire, juste avant la publication d’un article exclusif détaillant ces accords.

Les journalistes de ces deux entreprises ont exprimé de vives préoccupations quant à ces accords, craignant qu’ils ne nuisent aux écrivains et au journalisme dans son ensemble. Vox Media et The Atlantic ont d’ailleurs déjà critiqué par le passé OpenAI et l’IA générative dans leurs publications, soulignant des problèmes tels que l’impact environnemental et la fiabilité de l’entreprise d’IA.

Depuis l’annonce de ces accords, les journalistes cherchent à obtenir des réunions avec leurs supérieurs pour comprendre les implications de ces partenariats. Ils sont particulièrement intéressés par les bénéfices directs que ces accords pourraient leur apporter.

Une urgence palpable

Face à la multiplication des accords entre médias et entreprises d’IA, les syndicats de journalistes accélèrent les négociations pour inclure des protections contre l’IA dans les contrats. Amy McCarthy, membre de l’union de Vox, insiste sur le fait que l’implémentation de l’IA devrait être un sujet de négociation obligatoire, même si les contrats existants ne mentionnent pas explicitement l’IA. Cela implique que les entreprises concluant des accords avec des fournisseurs d’IA pourraient devoir négocier avec les syndicats au sujet de ces modifications.

L’Atlantic Media Union a également fait de cette question une priorité dans ses efforts de négociation. Ils ont proposé que l’IA ne remplace pas des tâches telles que l’écriture, la vérification des faits, la correction des textes et l’illustration. Au lieu de cela, les écrivains devraient pouvoir utiliser l’IA à leur discrétion en respectant les principes éthiques journalistiques.

D’autres syndicats travaillent également sur des protections similaires. Par exemple, le Omaha World-Herald Guild a obtenu des protections contre l’IA plus tôt cette année. De plus, les journalistes de CNET ont lancé une campagne syndicale publique demandant des protections contre l’IA après que la publication a publié une série d’articles générés par l’IA.

La protection juridique contre le scraping de contenu par l’IA n’est pas garantie, car des entreprises comme OpenAI affirment qu’elles ne violent pas les lois sur le droit d’auteur en utilisant du contenu public. Cependant, des publications comme le New York Times et d’autres groupes ont intenté des procès contre OpenAI pour avoir utilisé des œuvres protégées par le droit d’auteur sans citation appropriée.

Richard Tofel, consultant pour des médias, estime que ces procès pourraient atteindre la Cour suprême et obliger les entreprises d’IA à conclure des accords avec les créateurs de contenu si elles sont reconnues coupables de violation des droits d’auteur. Il compare cela aux batailles juridiques passées de Google sur des questions de droits d’auteur.

Si les journalistes ne posent pas de questions, qui le fera ?

Les journalistes continuent de chercher des réponses sur les termes financiers et les bénéfices directs de ces accords d’IA. Le vice-président des communications de The Atlantic a noté que leur partenariat les positionnait comme une source d’informations premium au sein des produits de l’entreprise d’IA, garantissant certaines protections sur la façon dont leur contenu apparaît. Cependant, les journalistes se demandent si ce contenu peut être considéré comme une œuvre dérivée, pour laquelle ils pourraient recevoir une compensation directe.

Bien que certains détails de ces accords restent flous, il y a une crainte que le contenu généré par l’IA puisse réduire le besoin de journalisme réel, diminuant potentiellement l’audience et les revenus publicitaires pour les journalistes. Cela est particulièrement préoccupant alors que des géants de la technologie comme Google et Meta dépriorisent les nouvelles, impactant les revenus publicitaires numériques pour les éditeurs.

Malgré ces inquiétudes, certains journalistes estiment que conclure ces accords pourrait être nécessaire car l’IA est susceptible d’utiliser leur travail de toute façon. Ils soutiennent qu’il est préférable d’être compensé plutôt que de voir leur travail utilisé sans aucun bénéfice.

Vers une nouvelle ère du journalisme

Alors que l’IA continue de transformer le journalisme, les syndicats et les unions de journalistes travaillent d’arrache-pied pour garantir des protections pour leurs membres. L’impact ultime de ces accords d’IA sur le journalisme reste à voir, mais une chose est certaine : les journalistes ne resteront pas silencieux face à ces changements majeurs.

Le débat sur l’utilisation de l’IA dans le journalisme est loin d’être terminé. En tant que lecteurs, il est crucial de rester informés et de soutenir un journalisme éthique et de qualité. Le futur du journalisme dépendra des décisions prises aujourd’hui et des protections mises en place pour les journalistes.

En conclusion, l’intégration de l’IA dans le domaine du journalisme soulève des questions cruciales et complexes. Les journalistes et leurs syndicats sont en première ligne pour s’assurer que cette évolution se fasse dans le respect de l’éthique et des droits des créateurs de contenu. Restez à l’écoute, car le futur du journalisme est en pleine transformation, et c’est notre devoir de soutenir ceux qui nous informent au quotidien.

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